• LA FIANCEE DU PIRATE

    LA FIANCEE DU PIRATE

    Photo de Dani de Nantes

    La Loire gelée, vue d'un anneau de Buren. Ces anneaux font référence à une exposition, datant de 1992-1994, consacrée au passé négrier de la ville. On les appelle aussi "Les anneaux de la mémoire".

     

     

     

    Février 2012, il fait très froid sur la France et au-delà. Je sens un grand besoin de couleurs et de chaleur. Il y a parmi mes tableaux, une toile que j’expose rarement. Peut-être parce qu’elle n’est pas tout à fait terminée. « La Fiancée du pirate » attend sagement dans son coin.

    Elle a surgi il y a trois ans, d’un mélange de rose et de rouge, ponctué de bleu. Depuis, elle n’a guère changé. J’avais dû aller la chercher très loin au fond de ma mémoire, du temps où avec mes frères et sœurs, nous voguions par delà l’océan quand nous ne chevauchions, pas les grandes plaines du far west.

    Nous habitions alors Nantes, port de la mer, ancré sur les terres. Les effluves de son fleuve nous portaient au large. Déjà, marcher dans les rues de la ville était un voyage. Nous prenions un car, allée Duguay Trouin, illustre corsaire malouin ; un peu plus loin, nous déambulions sur le quai Cassard, autre fameux capitaine de navire. Un autre quai, une autre rue, d’autres marins, la rue Surcouf, le quai Duquesne, le quai Jean Bart… Curieusement la plupart n’avaient plus de quai que le nom. La Loire depuis longtemps s’était retirée du cœur de la ville. Nantes, vidée de ses eaux, ses artères asséchées, comblées, s’était transformée en grands boulevards animés. Comme si, honteuse de son passé négrier, la ville avait voulu l’enfouir sous des tonnes de bitume. Mais chaque coin de ses rues, racontait son histoire.

    Je me souviens d’avoir aimé la légende du quai du roi Baco. Celle d’un simple matelot qui fit fortune en épousant la reine d’un pays lointain. En peignant, les souvenirs se ravivent. Celui d’un très beau livre de Jean François Deniau, « La Désirade », l’histoire d’un flibustier, ou encore celui du film « Les boucaniers »,  racontant la vie romancée du corsaire Jean-François Lafitte. Ils durent éveiller mes pinceaux. Et puis, j’habitais le pays de Jules Verne ! Comment ne pas être influencé par ses récits fabuleux ! A l’image des héros de son roman « Deux ans de vacances », nous imaginions avec mes frères et sœurs, embarquer sur un vaisseau qui nous menait dans des contrées fabuleuses. Il y avait les bons, mais aussi les méchants pirates, et le seul nom de « Long John Silver » nous faisait frémir de peur mes sœurs et moi, tandis que mes frères bombaient leur torse, prêts à vaincre le diable en personne. Il nous semblait entendre le cliquetis de la jambe de bois du héros de Stévenson. « Tic, tac ! » Elle cognait contre l’allée de notre maison, transformée pour quelques heures en un beau trois mâts voguant sur l’eau.

    Je suis comme le disait si joliment Bernard Giraudeau dans ses écrits « un marin de terre ». Je voyage avec les yeux et les mots des autres. La fiancée du pirate, c’est un peu tous ces récits qui petite, ont nourri mon imagination. Derrière chaque porte, chaque fenêtre, au bout de chaque escalier, une nouvelle histoire débute.

     

    « POUR LES PASSIONNES D'HISTOIRESUITE ET FIN DE LA FIANCEE DU PIRATE »
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