Je me souviens, c'était l'hiver, il faisait froid mais de petites flammes embrasaient nos regards. Nous marchions dans les rues de Nantes. Mes deux tantes nous emmenaient ma soeur, mon frère et moi au théâtre de Guignol. Il était alors situé au Champs de Mars, dans l'immense palais des congrès, qui n'existe plus aujourd'hui. Je crois me rappeler qu'on y entrait sur le côté. Il y avait d'abord, la file d'attente, avec tous ces enfants emmitouflés dans leurs gros manteaux, leurs bonnets et leurs écharpes. De leurs bouches s'échappaient une légère fumée blanche. Certains s'impatientaient et leurs parents tentaient de les calmer. Puis on passait devant la caisse. Une dame nous distribuait des petit tickets qu'une autre déchirait à l'entrée. On se précipitait pour être assis au plus près. Généralement les enfants se mettaient devant et les adultes restaient un peu en retrait. Nous avions du mal à tenir en place en attendant les fameux trois coups. Puis soudain la pièce sombrait dans le noir et alors la magie commençait. Le rideau du théâtre s'ouvrait lentement et nous entrions alors dans un autre monde, celui de guignol.

Je vous ai présenté dans un précédent article, les marionnettes de Félicité, installée à Gargilesse, dans le département (ET DANS L'INDRE du 02/02/2011). Aujourd'hui, voici les marionnettes de Nohant et plus précisément celles créees par Maurice, le fils de George Sand. Doué pour le dessin, curieux de tout et notamment de minéralogie et de botanique, l'enfant chéri de l'auteur de la "Mare au Diable", se prit de passion pour la création de marionnettes et de leurs décors. Pour peupler les longues soirées d'hiver à la campagne, outre les pièces de théâtre, jouées par toute la maisonnée, George Sand et ses invités contribuèrent à la fabrication des marionnettes imaginées et créees par Maurice. Lorsque tout était prêt, il n'y avait plus qu'à les présenter aux voisins et amis dans le petit théâtre construit dans le château. A l'entrée, George Sand acceuillait les spectateurs, une petite aumonière à la main, dans laquelle chacun y allait de sa contribution, selon son bon voulois.