• AUTOUR D'UNE TOILETrente cinq ans après avoir lu le roman de François Mauriac, je me suis replongée ce week-end avec le même émoi dans l’atmosphère fiévreuse et impitoyable de cette riche famille bordelaise.  

    C’est un livre sur la solitude humaine, un réquisitoire contre la famille à héritage et les machinations qu’elle engendre, la haine et les rancœurs, une plaidoirie contre l’avarice et la cupidité.

    Louis grand avocat d’affaires et d’assises, à l’aube de ses 68 ans se retrouve malade et confiné dans sa chambre, la plus grande et la plus spacieuse de la maison familiale. Il est pourtant seul, parmi les siens. Pensant qu’il ne lui reste que peu de temps à vivre, il décide de se confesser dans une longue lettre qu’il adresse à son épouse Isa. Il y dévoile ses plans machiavéliques, échafaudés pour déshériter ses enfants. Au début de son monologue, il ne songe qu’à se venger de cette famille. Famille dont il est exclu et dont le seul lien qui la rattache à lui est son immense fortune. Peu à peu la lettre se transforme en autobiographie. Louis y rappelle son enfance, orpheline de père et marquée par une mère de souche paysanne,  possessive et  qui n’a de cesse de mettre son fils à l’abri du besoin. De fait, à la fin de ses études le jeune homme est en possession d’une honorable fortune. Louis, au physique sans attrait et que la timidité rend plus sévère, n’est pas le genre de garçon que recherchent la gente féminine. C’est pourquoi  l’attention que lui porte la riche Isabelle de Fondaudège arrive dans sa vie comme une bénédiction. L’amour transfigure le jeune avocat.  La chute sera d’autant plus dure lorsqu’il apprendra après leur mariage qu’il ne fut qu’un « pis-aller » son épouse ayant dû renoncer à un amour impossible. Cette révélation faite une nuit sous forme d’innocente confidence, sera la clé qui ouvrira la boite de Pandore et laissera libre cours à la haine et les rancœurs toute leur vie durant.

    Les trente et quarante années qui suivront verront le couple se déchirer mutuellement tout en gardant les apparences. En grandissant les enfants prendront le parti de la mère. Le roman est jalonné de personnages monstrueux, contradictoires et complexes mais tellement humains. Mais tous ne sont pas aussi vils et amers et des personnages comme Marie, Luc ou Marinette  apportent  au récit une note de fraîcheur.  Ils interviennent dans le roman pour disparaître aussitôt mais restent présents durant tout le récit, montrant le narrateur sous un jour plus humain.

    Nous suivons tout au long des pages le cheminement de Louis. Face à ce nœud de vipères qui se ligue contre lui, il se rend compte que ce nœud de vipères est également au plus profond de lui-même, vieillard malade, prisonnier de sa haine et de son avarice. Il va finir par comprendre que ses proches ne sont pas les seuls responsables de ce drame familial. Mauriac dans un style et une écriture impeccable nous plonge dans les abîmes de l’âme humaine mais termine sur une note d’optimisme, une lueur d’espoir qui rappelle que rien n’est jamais définitif.

     

    « Tout au long de ses œuvres, devenues célèbres mondialement par leur riche drame psychologique, spiritualiste, il égrènera des touches clairsemées et discrètes, souvent en camaïeu. Ces touches je pourrais les désigner comme des aquarelles (…) – aquarelles qui suggèrent autant et peut-être davantage qu’elles ne représentent. Mauriac usera aussi, et avec bonheur, comme son voisin du château de Malromé, Henri de Toulouse Lautrec, d’esquisses au fusain, voire de simples coups de crayons, pour traduire des scènes familières ou des attitudes de personnages bien de chez nous. Ce n’est qu’exceptionnellement que nous trouverons des images plus dures et plus sombres dans la manière de certaines toiles noires d’Odilon Redon et aussi des traits appuyés, quelques eaux-fortes qui rappellent des gravures de Goya. »

    « François Mauriac : ethnologue aquarelliste des pays aquitains » par Philippe Marc Dufaure.

     

    Très beau site également sur l’auteur du Nœud de vipères, réalisé avec l’aide du Conseil Général d’Aquitaine et du Centre François Mauriac de Malagar : le site littéraire François Mauriac

    http://francois-mauriac.aquitaine.fr/flash.htm

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  • LES COUPS DE COEUR DE CHARLOTTE LA MARMOTTEAujourd’hui 6 mars, fête des grands-mères, j’ai une pensée spéciale pour ces deux femmes de ma famille qui nous ont quitté depuis longtemps déjà.

    LES COUPS DE COEUR DE CHARLOTTE LA MARMOTTEMarie d’abord, la citadine que je n’ai jamais connue, disparue beaucoup trop tôt, à 34 ans. Marie que l’on disait douce et aimable, adorée de ses enfants, prise entre ces deux fortes personnalités qu'étaient celles de sa mère et de son époux. Marie la musicienne qui jouait de la mandoline et lisait des romans où les héros triomphaient toujours des forces du mal. Sa mandoline est là, quelque part, rangée dans un coin de la pièce, silencieuse depuis 74 ans. Il y a peu, en feuilletant de vieux albums photos, je suis tombée sur deux cartes postales peintes et signées de ma grand-mère. En interrogeant mes tantes, j’appris que Marie aimait aussi jouer du pinceau. Malheureusement il ne reste plus que ces deux petits cartons, échappés du vide-grenier qui suivi la mort de mon grand-père. Sans le savoir, elle nous a peut-être transmis son amour de la peinture à moi et à mes frères qui dessinent dans leur coin depuis leur plus jeune âge..

     

     

    Emilia, elle, je l’ai très bien connue. C’était la grand-mère des enfances heureuses, des vacances à la campagne au milieu des chats, du chien, des poules et des lapins… Le temps des cousins et des cousines qui se retrouvaient transformant le jardin en plaine aride du far west, pendant que les adultes refaisaient le monde autour d’un petit vin aigrelet ou d’une tasse de café. Et au milieu, ma grand-mère, toujours prête à intervenir dès que les voix s’élevaient. « Pas de politique ici » disait-elle. C’était trop sujet à discorde. Et elle faisait passer son assiette de petits gâteaux, des gaufrettes à la vanille ou au chocolat. Nous nous amusions à déchiffrer les petites phrases gravées sur les pâtisseries, les plus grands lisant pour les plus petits. Emilia aimait les chats. Il y avait toujours une ribambelle de félins qui la suivait. L’hiver, ils s’installaient autour d’elle près de la cheminée. Elle suivait les feuilletons à la télé ou les émissions de variété. Elle avait toujours aimé chanter. Autrefois, dans les repas, mon grand-père prenait son accordéon et ma grand-mère l’accompagnait en chanson. C’était l’époque pas si lointaine où les radios et les mp3 n’avaient pas encore envahi notre quotidien.

    LES COUPS DE COEUR DE CHARLOTTE LA MARMOTTE

    J’ignore si elles sont quelque part là-haut mais en tout cas je crois qu’un être aimé ne meurt jamais vraiment tant qu’on y pense.

    « N’ayant plus d’univers, plus de chambre, (…) j’étais seul, j’avais envie de mourir. Alors ma grand’mère entra, et à l’expansion de mon cœur refoulé, s’ouvrirent aussitôt des espaces infinis. (…) Je savais, quand j’étais avec ma grand-mère, si grand chagrin qu’il y eût en moi, qu’il serait reçu dans une pitié plus vaste encore ; que tout ce qui était mien, mes soucis, mon vouloir, serait, en ma grand’mère, étayé par un désir de conservation et d’accroissement de ma propre vie autrement fort que celui que j’avais moi-même. (…)

    Je me jetai dans les bras de ma grand’mère et je suspendis mes lèvres à sa figure comme si j’accédais ainsi à ce cœur immense qu’elle m’ouvrait. » Marcel Proust dans « A l’ombre des jeunes filles en fleurs ».

    " Bonne-maman avait des joues roses, des cheveux blancs, des boucles d'oreilles en diamant ; elle suçait des pastilles de gomme, dures et rondes comme des boutons de bottines, dont les couleurs transparentes me charmaient ; je l'aimais bien parce qu'elle était vieille. […] Je déjeunais chez eux tous les jeudis ; rissoles, blanquette, île flottante ; bonne-maman me régalait. Après le repas, bonne-maman sortait du buffet la toupie métallique sur laquelle on enfilait, pendant qu'elle tournait, des ronds de carton multicolore. Elle faisait avec moi des parties de dominos, de bataille, de jonchets. " (Simone de Beauvoir, Mémoires d'une jeune fille rangée).

    « Pourquoi m’as-tu quitté ? Ô toi qui m’aimais, toi qui n’as jamais été remplacée, toi qui chérissais en moi jusqu’à mes défauts, toi qui maniais comme la cire mes volontés de fer, et qui faisait courber d’un regard cette tête rebelle ! Toi qui m’as appris pour mon éternel regret, pour mon éternelle solitude, ce que c’est qu’un amour inépuisable, absolu, indestructible…Grand Dieu ! Vous savez qu’elle me l’a enseigné, cet amour passionné de la progéniture ; ne permettez pas qu’on m’arrache à mes enfants ; ils sont trop jeunes pour supporter ce que j’ai souffert en la perdant ». Lettre de George Sand à sa grand-mère.

     

     

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  • LES COUPS DE COEUR DE CHARLOTTE LA MARMOTTELES COUPS DE COEURS DE CHARLOTTE LA MARMOTTE

    Les Folles Journées de Nantes 2011 terminées, les auditeurs attendent déjà celles de 2012 qui tourneront probablement autour de la musique russe.

     

     

     

    LES COUPS DE COEUR DE CHARLOTTE LA MARMOTTE

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    LES COUPS DE COEUR DE CHARLOTTE LA MARMOTTE

    LES COUPS DE COEUR DE CHARLOTTE LA MARMOTTE

    Photos que vous pouvez retrouver sur le site de Dani de Nantes dans les albums Picassa

    http://www.follejournee.fr/ 

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